Chapitre 1

-Et c'est un nouveau but de Misugi Akshay ! Le maestro du Milan AC a encore fait un chef d'œuvre face à la pauvre Juventus, champion en titre du Calcio !

Bonsoir, l'histoire que vous lisez est la mienne. Celle du mafieux le plus recherché dans le monde. Personne n'a jamais vu mon visage, du moins, sous le nom de "Don Akshay" mais en vérité, dans le plus grand secret, fils d'un père italiano-japonais et d'une mère indienne, j'étais Misugi Akshay, un jeune joueur prometteur évoluant au Milan AC dans le plus ardu des championnats, le Calcio.

Vous vous demandez sûrement comment j'ai pu vivre une telle double vie, alors que je suis devenu un sportif célèbre et donc à l'agenda surchargé, tandis que dans l'ombre, je fais trembler tous les gouvernements du Monde sous le nom de Don Akshay ? Voyons, réfléchissez un peu : je joue au Milan AC, en Italie... pas l'ombre d'une idée ? Allez, faites un effort. Oui ! Vous avez parfaitement deviné ! Mon complice n'est autre que Birloscune, le président du Milan AC ainsi que président de la république italienne !

Hélas, pour savoir comment notre collaboration est née, il faudra vous armer de patience, car je dois continuer mon match, à la prochaine !

-Misugi Akshay honorera sûrement sa première sélection dans le prochain match amical confrontant l'Italie à la France !
-Certainement, le sélectionneur Daniele Mancini a déjà avoué vouloir le faire jouer titulaire, alors que notre squadra azzurra souffre de nombreux absents blessés ou en manque de compétition !
-But de Philippe Inzas sur un magnifique coup franc du jeune Misugi Akshay ! S'écria le troisième commentateur.

-Beau coup franc Misugi ! Remercia Inzas.
-Nous sommes prêts pour le match contre la France ! Se réjouit Misugi.
-Tu y penses déjà, heureusement que je suis attaquant ! Plaisanta Inzas.

-Et l'arbitre siffle la fin de l'humiliation de la Juve qui jouait à domicile ! 3-0 ! Un but, deux passes décisives, magnifique perf' de Misugi.
-Le Milan AC en perte de souffle ces dernières années commence bien cette saison avec déjà cinq victoires en cinq matchs sous l'impulsion de leur nouveau meneur de jeu, devenu très vite titulaire indiscutable alors que les supporters s'étaient moqués de l'entraineur avant le début du premier match !

-Forza Milan ! Criait encore Misugi aux supporters qui étaient rapidement devenus fous de lui.
-Grazie Misugi ! Milan ! Milan ! Milan ! Milan ! Scandaient les supporters pendant encore une bonne demi-heure alors que le match était terminé !

-Bien joué ! Allez bonne nuit ! Oh, Misugi ! Venez s'il vous plaît ! Interpella Birloscune.
-Oui, Monsieur, que puis-je faire pour vous ?
-Encore désolé pour avant-hier, je n'ai pu que ralentir l'opération contre vous. Lui chuchota le président.
-Il n'y a eu aucune perte de notre côté, d'ailleurs, j'ai pu m'amuser avec l'un de mes nouveaux jouets, donc il n'y a pas de problèmes, Président. Lui sourit Don Akshay.
-Bien. Nistarah vous attend où vous savez, comme d'habitude.
-La revedere.
-Buena notte.

En quel honneur devrais-je vous saluer ? Je suis la pe... je suis la femme de main de Don Akshay, "Don" pour les intimes, je suis avec lui depuis le commencement et je tuerai quiconque osera se mettre sur son chemin. Mon âge ? En quoi cela devrait-il vous intéresser ? Vous n'auriez même pas le temps de me faire la cour que je vous aurais déjà exécuté ! Je n'ai pas le temps de jouer les amourettes avec une tapette ! Mais en personne compréhensive, je vais vous donner la définition de ce qu'est une tapette pour moi : un vulgaire séducteur ou autre personne misérable ne cherchant qu'à passer une nuit ou plus avec une fille. Mes diplômes ? Que j'en ai ou pas, où en serait le besoin pour me servir de mes armes ?

Comment ça, quelle est ma véritable identité ? Nistarah est mon prénom ! Comment en serait-il autrement ? D'ailleurs, comme le sous-entend mon prénom, je suis cachée dans l'ombre... Vous l'apprendrez bientôt, mais comme je suis fière, je préfère vous le dire de moi-même : je suis "L'Ombre de l'Obscurité". Je suis aussi crainte que Don Akshay, mais tout comme lui, personne ne sait si je suis un homme ou une femme, seuls vous, petits lecteurs voyeurs, avez le privilège de le savoir... du moins, jusqu'à ce que Don Akshay me donne l'ordre de supprimer votre vermine.

Vous êtes choqués ? En quoi cela devrait-il me toucher ? Je n'ai aucun lien avec vous, d'ailleurs, qui vous a demandé de lire ? Vous n'avez qu'à vous en prendre à votre propre curiosité. Je suis insolente et éprise de désinvolture ? Et alors ? J'ai tous les droits : je fais ce que je veux, quand je veux où je veux. Vous comprendrez donc qu'il est tout a fait possible que vous déguerpissiez de cette existence si on le veut, quand on le veut et où on le veut. Ah, le voilà enfin, toujours à l'heure ! Mais je parle de Don Akshay évidemment ! Maintenant allez à Albâtres si j'y suis, je suis en service, comme je l'ai toujours été.

-Donnes-moi mon masque, nous allons fêter notre victoire à la base.

En effet, après chaque victoire du Milan AC, Don Akshay, le président Birloscune et d'autres collaborateurs se rassemblaient dans le plus grand secret dans un manoir caché au beau milieu d'une forêt italienne, loin des regards indiscrets des médias, dont Don Akshay ne cessait de se jouer d'ailleurs, mais aussi des "Maitres du Monde" par la même occasion... Muahahahahahahahahahahaha !

Le lecteur sera surpris de savoir que, plutôt que de s'être rassemblés pour dîner à table, ils étaient tous réunis dans une grande salle de concert. Le président Birloscune était assis dans les premiers rangs, accompagné de sa fille, une jeune universitaire en musique classique. L'impatience avait disparu alors qu'elle était entrée accompagnant son père. Elle avait une étrange ressemblance avec la très célèbre et humble Eliette Mouret que l'on connait sous un nom encore plus célèbre : Eliette Von Karajan qui fût l'heureuse épouse du plus grand chef d'orchestre du XXème siècle, Herbert Von Karajan. L'attention de l'assistance n'était plus sur la venue des musiciens mais de la jeune fille qui faisait sa première apparition dans cette société secrète.

Les musiciens firent enfin leur entrée... le violoniste n'était autre que le masqué Don Akshay ! Quant à l'orgue, c'était Nistarah qui allait y jouer !

-Vous n'êtes pas venu seul à ce que je vois.
-Ma fille étudie la musique classique mais est aussi violoniste elle-même.
-Je l'ai déjà vue quelque part... Ne serait-ce pas celle qui a obtenu le premier prix au concours de Vienne ?
-Rien ne vous échappe, Don Akshay.
-Pouvons nous commencer ? Demanda poliment le mafieux.
-Mais avec plaisir mon jeune ami.
-Père, qui sont ces gens ? Demanda la jeune fille.
-De merveilleux musiciens anonymes... des amis de la famille... se contenta de répondre le président.

Euh... bonsoir... eh bien... je me prénomme Milena... Je suis la fille du très controversé président Birloscune. Père a toujours veillé sur moi, très bienveillant, affectueux, généreux, mais parfois distant... de ce fait, il n'étouffait jamais mon existence. Nous ne nous voyions que le soir et le week end... avec un tel emploi du temps, je dirais même que cela tient encore du miracle ! Il m'emmène partout avec lui, à condition que cela ne met pas en péril mon propre emploi du temps lié aux études et au conservatoire... Mais dites donc ! En voilà une question ! Je suis célibataire car je n'ai pas le temps ! D'ailleurs, même si j'en avais, que ferais-je avec un vulgaire Casanova assoiffé de vice et d'indécences ? Mon père n'est peut être pas très blanc, mais il reste un homme très respectable !

Depuis toujours, père a été un amateur de beaucoup de choses, de sport, de musique, de cinéma, et tant de choses encore... mais c'est la première fois que j'assistais à un évènement si... privé. Je n'étais jamais venue dans ce manoir... malgré l'heure tardive, nous allions assister à un concert privé de musique classique avant de diner... quel étrange programme nocturne... je veux dire par là, qu'après une telle journée c'était assez inhabituel... mais ce qui se passait à présent me laissait complètement décontenancée... un homme masqué interprétait au violon le troisième mouvement de la troisième partie de la "Sonate des trilles du Diable" de Giuseppe Tartini. Il y avait aussi une magnifique jeune fille qui jouait à l'orgue... c'était une métisse assez inédite... j'hésiterais à le dire... mais elle semblait avoir à la fois des origines indiennes, japonaises... mais aussi italienne ! Je me permets de dire italienne car sa démarche, sa tenue vestimentaire et son regard étaient propriétés d'une italienne !

C'est incroyable... cet homme interprétait si bien cette sonate pourtant réputée comme la plus difficile à jouer au monde ! Mais... Non ! Je... à en croire la jeunesse de sa peau, il serait de ma génération ! Cela n'est pas possible ! Le violoniste le plus doué que j'ai connu, a échoué à ce même concours de Vienne car il n'avait pas réussi à maîtriser parfaitement la sonate diabolique... l'assistance, emportée par le plaisir d'écouter de la musique classique n'avait rien remarqué... mais le jury et les critiques, eux, s'en étaient affligés très rapidement ! Si Herbert Von Karajan avait encore été là, il aurait certainement bondi sur scène pour sermonner le violoniste puis le corriger, afin de le guider vers la perfection même de cette sonate...

-Don Akshay joue toujours aussi bien au violon ! Pût-on entendre dans l'assistance.
-Silence !

Don Akshay jouait avec un sourire très malicieux au lèvres, à un certain moment, son regard s'ouvrit sur celui de Milena, puis se referma aussitôt, continuant sans changer de rythme. La plupart des personne présentes n'étaient pas des mélomanes, mais quand Don Akshay prenait le violon, tous en devenait un comme si le violon était enchanté... Dans son frac obscur, il ne manquait plus qu'une cape noire avec un intérieur rouge pour terminer l'illustration du musicien qu'il exprimait sur scène. Une fois l'interprétation finie, un tonnerre d'applaudissements éclata mais fût rapidement tut par un signe de la main du mafiosi. Les musiciens quittèrent la salle en premier en direction de la salle à manger, suivis de très près par le père et la fille, puis plus tardivement du reste de l'assistance.

-Ex-excusez-moi... monsieur ? Interpella Milena.
-Appelez moi Don, mademoiselle, lui dit Don Akshay.
-Eh bien... Don... comment allez-vous manger avec ce masque ? Demanda Milena.
-Vous êtes bien naïve pour votre âge... hélas, je ne mangerai pas en votre compagnie, mais dans une chambre avec Nistarah, mes hommages Mademoiselle, embrassa t-il sa main avant de monter les escaliers accompagné de Nistarah outrée que cette jeune fille ait osé lui adresser la parole.
-Ne t'en fais pas, il mange toujours en privé, il n'y a rien de personnel dans cela, rassura le président.

Don Akshay... c'était donc cet homme ? Lui qui était recherché sur toute la planète ? La jeune Milena ne voyait pas ce qu'il avait de si terrible, ni pourquoi il était tant recherché... remercions les propagandes des divers pays qui s'étaient contentés de dire qu'il était à la tête d'un mouvement terroriste encore bien plus dangereux que celui d'Al Quaïda... cependant, mon esprit critique de narrateur demeure irrité par cette exagération : parmi les hommes de Don Akshay, aucun n'était suicidaire, donc ils étaient loin d'être aussi dangereux que les personnes manipulées par des hommes de mauvais augure que l'on connaissait soit sous le nom de kamikazes, soit sous le nom de terroriste... Don Akshay n'avait jamais fait de victime innocente, alors, était-il aussi dangereux que les gouvernements le pensaient ? Ah, je vais devoir me taire, car même en prenant sa défense, il est en ce moment même en train de me mettre en joue...

La chambre était plutôt assez grande, il y avait deux lits à baldaquin et au centre de la pièce, une petite table ronde sur laquelle leur repas les attendait. Il n'était ni chaud ni froid mais tiède, comme Don Akshay l'affectionnait. Il fît asseoir Nistarah puis s'assit à son tour. Mais ils n'attaquèrent pas le repas de suite. Don Akshay étendit ses deux mains sur son repas et Nistarah en fît de même. Mais aucun son n'apparût, le silence demeura ainsi. Puis Don Akshay ouvrit enfin ses yeux, se positionna pour manger et souhaita un excellent appétit à Nistarah qui en fît de même. Pas un mot, pas un regard ne fût échangé entre le mafiosi et son garde du corps. Quand enfin leur repas fût consommé, ils ramenèrent tout en bas.

-Mais Don Akshay, les domestiques auraient pu s'en occuper. Vous êtes fatigués, laissez ça là, allez donc vous coucher. Lui dit le président avec toute sa sollicitude.
-Nous n'avons pas grandi de la même manière, se contenta de répondre l'homme masqué en continuant à se diriger vers la cuisine.
-Mes excuses, s'excusa le président.
-Je... je peux les suivre ? Demanda Milena à son père.
-Comment... D'accord, mais ne te fais pas remarquer.

La jeune Milena se faufila jusqu'à la cuisine où elle entendit bonne humeur et rires y résonner. Elle entrouvrit la porte et fût stupéfaite de voir Don Akshay et Nistarah faire la vaisselle, eux, les personnes dites les plus dangereuses sur Terre !

-Don Akshay, ce n'était vraiment pas la peine. Lui dit un vieil homme.
-Vous êtes fatigué, laissez-moi faire monsieur, lui répondit Don Akshay.
-Vous êtes si aimable Don Akshay, laissez moi vous donner quelque chose, proposa une dame à peine âgée.
-S'il vous plait Madame, répondit le mafiosi souriant, malgré son masque.
-Tenez, lui présenta t-elle devant sa bouche.

La gentille dame leva à peine le masque du mafiosi, puis il pût déguster avec délectation le petit gâteau au chocolat tout en finissant la vaisselle alors que Nistarah rinçait. Il remercia la petite dame et prit congé. Voyant qu'il allait sortir, Milena retourna au plus vite auprès de son père et fît comme si de rien n'était. Alors qu'il s'apprêtait à monter les escaliers, Don Akshay s'arrêta à la surprise de Nistarah.

-Président, votre fille a encore beaucoup à apprendre. Mademoiselle, votre parfum était d'une délectation fascinante, veuillez le porter à nos prochaines rencontres. Mes respects président, mes hommages mesdames, salua t-il en ignorant les hommes mais fût quand même salué par toutes et tous.
-Ne t'avais-je pas dit de te montrer discrète ma fille ? Lui sourit son père alors qu'elle demeurait écarlate et honteuse.

Non seulement il avait senti sa présence mais avait su reconnaître son parfum parmi tous ceux qui étaient présents dans le manoir. De plus, quand il l'avait dénoncée au président, il l'avait regardé un court instant avec un regard malicieux. Bien qu'il portait son masque, Milena avait su voir ce regard pourtant si bien caché. Enfin dans leur chambre, Don Akshay éteignit les lumières, laissant place à celle de la pleine lune, embrassa la main de Nistarah qui baissa la tête en ayant la main sur le coeur, puis il alla s'endormir dans son lit. Nistarah quant à elle, le revolver dans l'autre main vérifia encore l'extérieur en regardant par la fenêtre puis alla dans le royaume des rêves à son tour.