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 Chapitre 10

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Kavi Hendy
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Kavi Hendy


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MessageSujet: Chapitre 10   Chapitre 10 Icon_minitimeJeu 22 Juil - 4:58

Les jardins d'Elysion

Chapitre 10

Patience


La patience est une vertu. Magnifique ! Mais encore ? S'arrêter à cette simple maxime est véritablement stupide et n'exprime nullement ce qu'est véritablement la patience. Pourquoi un tel postulat ? Car cette maxime est en réalité une conclusion, un fait. Ce n'est donc pas une introduction à une science quelconque, elle n'enseigne rien. Donc pour apprendre ce qu'est la patience, il faut d'abord l'expérimenter. Nonobstant, il faut d'abord expérimenter l'impatience premièrement, puis petit à petit, expérimenter la patience. Ceux et celles qui sauront en faire autant, découvriront ce qu'est véritablement la vie mais aussi, mystérieusement, ce qu'est la Loi d'Amour qui régit le monde malgré tous les drames qui ont lieu ici bas.

Son départ pour Lyon n'était prévu que pour la fin juillet. Charlène et Hendy s'étaient déjà enfuis dans la Capitale des Gaules, avides d'être ensemble mais surtout seuls. Lin était partie en Italie en compagnie de Lucie, toutes deux amoureuses de ce pays et de sa culture. Seule Has'naa était restée quant à elle, n'étant point pressée de partir. D'ailleurs, elle avait obtenu le droit de rester chez sa mère, où Sonia allait l'y trouver régulièrement. Leurs entretiens avaient lieu dans la chambre du grand frère qui était très bien insonorisée. Seuls les murs pouvaient les entendre mais pas les dénoncer bienheureusement. La petite soeur pût admirer toute la frustration de Sonia d'être aussi lointaine de Franz aussi bien physiquement que sentimentalement. Elle languissait sous les yeux malicieux de la petite soeur, parfois en s'enfermant dans un silence de presque agonie. Cependant, Has'naa trouvait toujours les bons mots, ou moqueries, pour remonter le morale de la jeune fille. Précoce philosophe mais ingénue amoureuse, Has'naa s'amusait à ce spectacle qu'elle ne pensait pas voir de sitôt.

-Sonia, tu es décidément très impatiente. Ne lui parles-tu pas déjà sur internet ?
-Oui... mais quelle terrible souffrance de se contenter de si peu ! Comme j'aimerais...
-Dire qu'Hendy faisait si souvent ton éloge ! J'en suis déçue ! Chaque instant doit être délecté à sa juste valeur ! Quelle ingrate tu fais mon amie ! Cette insatisfaction pourrait te jouer un vilain tour méfies toi ! Prévint Has'naa.

Ce fût la première fois que Sonia vît la petite soeur sous son vrai jour. Une jeune fille très précocement mature et expérimentée. Dans le ton de sa voix et dans son regard, l'on sentait bien la sagesse, ou du moins le début, de l'expérience de ce qu'est la vie ici bas. Sonia se sentit ridicule, traitée comme une gamine par une fille de son âge, alors qu'elle même méprisait autant ses anciennes amies. Décidément, elle avait encore beaucoup de chemin à faire. Pour éviter de s'emporter, Has'naa dégusta deux samousas puis un jus de fruits multivitaminés. Ensuite, elle ferma les yeux et sourit. Alors que quelques instants auparavant elle avait semblé être une mère très expérimentée, elle était redevenue la jeune fille délicieuse et malicieuse qu'elle était.

-Quelle grâce, quelle innocence ! A t-elle vraiment mon âge ? Tout comme moi, elle est célibataire mais pas encore amoureuse... et pourtant ! Elle semble si... pensa Sonia.
-Tu déprimes encore en silence Sonia ? Dois-je faire comme Hendy et surgir derrière toi avec un seau d'eau pour te ramener à la raison ? Ou encore, devrais-je manger tes samousas et t'affamer ? Plaisanta Has'naa.
-Oh non, rien de tout cela, rassures-toi. Je me demandais juste... mais toi ? Tu... Comment vis-tu ton célibat ?
-Mon célibat ? Quel célibat ?
-Tu n'es pas en couple que je sache !
-Es-tu vraiment celle qui débattait avec Hendy ? Il faut douter de tout Sonia ! Tiens, regardes moi cette photo, chuchota malicieusement Has'naa en montra ostensiblement son portable.
-Mais depuis quand ?
-Récemment, chanta t-elle malicieusement. Je l'ai rencontré à tout hasard il y a peu.
-Mais, n'avais-tu pas dit qu'Hendy t'en choisirai un ?
-Quelle naïveté ! Tu t'es fixé sur un seul sens de mes propos ! Choisir signifie aussi accepter ! Donc, il sera bien choisi par Hendy. Je n'en ai aucun doute, nous sommes véritablement amoureux l'un de l'autre... enfin... lui ne s'en ai pas rendu compte, mais moi oui. Donc j'attends le bon moment pour que nous devenions enfin un couple, puis nous irons prendre la bénédiction d'Hendy. Affirma Has'naa.
-Quelle patience ! Mais comment fais-tu ? Demanda naïvement Sonia.
-J'attends et je vis. N'as tu rien compris de la philosophie romantique d'Hendy du jardinier et de la tulipe ?
-Expliques-la moi s'il te plait.
-Le jardinier ne doit-il pas arroser silencieusement, avec parcimonie et connaissance, puis patienter que la tulipe ne fleurisse ?
-C'est... c'est d'une logique implacable ! D'une rationalité telle qu'on a du mal à croire que c'est romantique !
-Romantique ? Ne me fais pas rire ! C'est la vie ! On invente tant de mots pour exprimer des choses si naturelles qui ont lieu dans la vie ! Ah, ce que j'aurais ri en écoutant comme sottises en L ! Se moqua Has'naa d'un ton mi méprisant mi malicieux en regardant par la fenêtre le beau ciel bleu.

En écoutant chaque phrase que disait cette jeune soeur, Sonia s'était mise à méditer silencieusement. En parlant à Has'naa, elle avait l'impression de reconnaitre la presque arrogance d'Hendy quand il oubliait d'être diplomate et qu'il parlait crument à son interlocuteur. Mais cette passion n'était pas identique, pas même le ton. Hendy dégageait de la distance, Has'naa de la présence. Cette malice et cette grâce qu'elle avait subjuguait complètement. Si certes, l'on connaissait surtout le frère, l'épouse et leur amie Sonia; en l'absence de l'un, c'était Has'naa que l'on connaissait. Mais son silence était toujours très mystérieux. Même lorsqu'elle aurait pu intervenir, elle laissait les autres parler. Toujours axée sur l'observation et la réflexion. Sonia reconnut aisément qu'Has'naa était autre chose que la petite soeur affectueuse et protégée de Hendy, elle était aussi celle qui portait un certain flambeau d'une philosophie sans poudre au yeux et avec un réalisme à toute épreuve ! Elle s'amusa du fait que le grand frère avait pourtant dit assez souvent que le silence était la plus grande des sagesse, ou encore, un moyen d'y accéder. Has'naa le lui prouvait aussi insolemment face à ses yeux.

Le silence et la patience. L'un ne peut aller sans l'autre. C'est évident. Ceux et celles qui l'ont assimilé vivent véritablement en paix. Peut être qu'ils ne sont pas médiatisés ou connus, mais le faut-il pour le prouver ? Quelle en serait l'importance ? Tout bonnement aucune. Tout être doué d'un peu de raison sait que la médiatisation ne présente pas ce qui est "bien" mais plutôt ce qui "excite" d'une manière ou d'une autre. Une photo, une vidéo, des propos et ainsi de suite. Tandis que certainement loin des paillettes et de la popularité, voire même dans une extrême pauvreté, certains humains pratiquant le silence et la patience sont bien plus heureux et en paix que ceux qu'on montre aussi ostensiblement dans les divers médias d'aujourd'hui.

-Je pense que je vais arrêter de t'embêter Has'naa, je vais y aller je pense.
-Je pense, je pense, je pense, je pense ! Arrêtes donc un peu de penser ! Veux-tu ?
-Comment ?
-La vie, ce n'est pas penser, c'est vivre tout simplement. Si quelque chose doit se faire, cela s'imposera de lui-même, pas la peine de conjuguer ce misérable verbe qui cause tant de problèmes !
-Penser pose problème ?
-Alors expliques-moi d'où vient l'impatience ? N'est-ce pas de la pensée ?
-Peut être...
-Que tu es simpliste ! Approfondis, avant d'arriver à la pensée, il y a bien autre chose, non ? Réfléchis-y bien ? D'où naît l'impatience ? Mais surtout, de quelle impatience ? Chaque impatience à une raison différente, mais avant d'arriver à la pensée, qu'y a t-il, véritablement ?
-L'impatience... la souffrance... la douleur... l'anticipation... mais... non ! Tu veux dire que la peur vient de la pensée ? Que l'impatience n'en est que la simple conséquence !? S'étonna Sonia.
-Tu vois quand tu veux ? Susurra malicieusement Has'naa.
-Désolée. Depuis que j'ai rencontré Franz, je ne suis plus moi-même...
-Tu continues de dire des sottises ? Interrompit Has'naa. Qu'est-ce que "moi" ? Un véritable être humain change, invariablement, chaque jour, il évolue. Que cela soit en bien ou en mal, physiquement, mentalement, spirituellement, vers l'évolution ou l'involution, chacun de nous change. Le "moi" n'est qu'une illusion. La Sonia d'aujourd'hui sera la Sonia de demain, mais changée, car sensible au temps elle est, comme nous tous.
-Je-je confirme ! Tu devrais participer plus souvent aux débats Has'naa !
-Quoi ? En quel honneur ? Mais surtout, en l'honneur de quelle vanité ? Toi qui discutes si souvent avec Hendy, tu sais qu'il préfère de loin le silence, n'est-ce pas ? D'après toi, pourquoi ?
-Le secret de l'humilité ?
-Ah ! Je reconnais enfin cette Sonia si perspicace ! Tout à fait ! Sers-toi de tout ce dont nous avons discuté aujourd'hui et nous verrons si tu seras aux côtés de notre ami Franz. Que le cas soit oui ou non, s'il te plait prends-en compte, ce sera une expérience positive que tu le veuilles ou non. Je te raccompagnes.
-D'accord, répondit-elle à peine un peu décontenancée.

Has'naa la raccompagna jusqu'au portail et elles se saluèrent allègrement. Has'naa s'était précipitée pour écrire à son jardinier tandis que Sonia s'éloignait des lieux. Sa patience avait bien été endurée, cela se voyait dans le court message qu'elle lui envoya. Sonia de son côté, marchait lentement et se ressassait chaque parole. Certes, aujourd'hui, elle avait pu voir Has'naa dans toute la splendeur de sa malice, mais aussi de sa sévérité ainsi que de sa maturité. Sans s'en rendre compte, Sonia marchait, mais ne pensait pas. Elle voyait toute la splendeur de la nature blessée par l'homme mais ne pensait pas. Elle rentra ainsi, paisiblement chez elle. Sa patience fût récompensée. Franz lui avait envoyé un mail. C'était un extrait de sa conversation avec un ami. Elle se surprit à voir que le contenu était étrangement presque le même que celui de sa conversation avec Has'naa ! Ce qu'il y avait davantage dans cette discussion, était une critique très sévère de l'éducation et de son fonctionnement puis de même pour la société. Franz connaissait donc d'autres personnes que Hendy pour parler à ces sujets ? Elle s'en étonna agréablement ! Plus elle lisait ce mail, moins elle se sentait seule.

La solitude n'est-elle pas une illusion ? Avec patience mais surtout silence, aussi bien oral que de la pensée, on se rend bien compte que nous ne sommes jamais seuls. La nature et ses arbres, animaux, le climat, les gens qui nous entourent et ainsi de suite... nous ne sommes jamais seuls. Or, l'impatience nous ronge tellement que nous avons tant de difficultés à nous en rendre compte ! Misérable est notre insatisfaction dû tout simplement à notre vanité et nos désirs si puérils ! Tandis que si l'on visait uniquement à vivre, véritablement vivre, cela ne serait point. Loin soit l'idée qu'il faille vivre une vie religieuse ou d'ascète ! Vivre véritablement n'implique pas cela. Certes, vous pouvez être religieux, ascète ou autre, vous pouvez vivre véritablement à côté. Tout simplement parce que vivre véritablement sa vie n'implique aucune condition. C'est cela qu'enseigne la patience et le silence. Vous auriez pu le comprendre beaucoup plus tôt si vous aviez appris à écouter, ou écouté, la pluie.

Après cette lecture, Sonia s'enferma dans une plénitude amoureuse, s'imaginant parler, discuter et débattre avec Franz. Quand aurait lieu leur rapprochement ? Elle n'y pensait plus, du moment qu'elle pouvait lui parler, cela lui suffisait amplement. Elle continua de répondre aux mails de son nouvel ami tout en dissimulant sa sympathie à son encontre, demeurant une interlocutrice sérieuse mais agréable juste comme il le fallait. Par contre, cette fois-ci, Franz lui écrivit de nouveau un mail dans le même jour, en début de soirée, affirmant son enthousiasme d'enfin pouvoir débattre avec elle oralement sous peu à Lyon. Cependant, ce ne fût pas cela qui éveilla les soupçons de Sonia mais plutôt ceci : il lui avait proposé d'aller voir un film au cinéma puis d'aller dans un restaurant chinois, en compagnie ou pas de Charlène et Hendy. Cette précision "ou pas" était beaucoup trop suspecte mais très subtile et discrète de la part du germano-français que Franz était. En à peine deux semaines, la patience, bien que tâchée d'impatience, avait su récompenser quelque peu Sonia comme le lui avait prophétisé Has'naa. Maintenant, faudrait-il qu'elle aie la patience d'attendre d'arriver là pas puis de vivre leur drame commun. Ne vous méprenez pas, ceci n'est pas une prédiction puisque le mot "drame" a ici le sens de "histoire". Vous avez été bien naïfs l'espace d'un instant, n'est-ce pas ? Trop impatients vous êtes de connaitre la suite malheureux !

Le jour vint enfin où Sonia allait quitter le territoire réunionnais pour celui de la métropole française. Contre toute attente, Has'naa était à ses côtés dans le même avion, mais surtout, avec un jeune homme très élégant à ses côtés. La jeune petite soeur lui avait fait un clin d'oeil quand ils s'étaient croisés avant d'embarquer. Sauf que cette fois-ci, Sonia avait eu affaire à l'amoureuse Has'naa aux côtés de son futur fiancé. Les deux tourtereaux se chuchotaient amoureusement et avec une telle délicatesse que Sonia se mit à penser malicieusement que ce serait bientôt son tour.

-Dites donc, mademoiselle Has'naa, qui est donc ce jeune homme à vos côtés ?
-Oh, c'est mon... mon compagnon ! Il s'appelle Akshay... Akshay ? Je te présente Sonia.
-Enchantée.
-Enchanté, répondit-il à peine poliment pour se retourner aussi vite vers le visage d'Has’naa.
-Excuses-moi Sonia, mais... si nous remettions notre discussion à un jour prochain ?

Comprenant sa demande, Sonia accepta d'un sourire et se prépara au voyage nocturne. Au demeurant, son voyage ne fût pas avec repos. Premièrement, le repas laissait à désirer, elle avait tout bonnement oublié de s'acheter un repas préparé avant de monter dans l'avion, elle regretta amèrement sa rêverie et son manque de conscience. Puis, comme ils n'étaient pas en première classe, les sièges étaient très inconfortables ! Quelle injustice ! Déjà que les prix des billets étaient exorbitants, il aurait été pourtant logique que le confort aie un certain minimum acceptable, même si ce n'était pas en première classe ! Elle réussit cependant à dormir, un véritable miracle... mais pas posément puisqu'elle cauchemarda ! Elle y voyait Franz en compagnie d'une jeune fille, semblable à Eliette Mouret, qui était à ses côtés. Ils s'embrassaient outrageusement devant-elle, tandis qu'à ses côtés Hendy était gâté par Charlène comme à leur habitude, personne ne faisait attention à elle. Pire, elle voyait Has'naa dans une romance très délicate puis, quand leurs regards se croisèrent un rire suprêmement démoniaque s'était épris de la petite soeur. Sonia se réveilla en sursaut, c'était presque le matin, elle avait eu de vraies sueurs froides, le petit déjeuner n'allait pas tarder à arriver. Sauvée, ce n'était qu'un mauvais rêve ! C'est pour cela qu'il ne faut pas être impatient, qui sait ce que nous réserve l'inconscient comme rêve quand l'impatience s'éprend de nous !

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